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Silvère Jarrosson: toiles, étoiles





L’envol, d’abord, vers les étoiles, ou en tout cas les cieux. Silvère Jarrosson, 28 ans, a suivi le parcours ardu de petit rat à l’Opéra de Paris, rêve brisé par une fracture, à 18 ans. Le rebond ensuite, via la toile, après un passage par une fac de biologie (master), quelques tours du monde et des peintures postées sur Facebook, repérées par la galerie Hors-Champs. Depuis l'imaginaire du « danseur immobile/peintre en mouvement » (in bio Insta), souffle sur les tableaux abstraits réalisés dans son atelier de Vitry-sur-Seine, entre des escapades à la Villa Médicis (un hommage à Antonin Artaud), le sacre d’une monographie (signée Jean-Louis Poitevin) ou 15 pièces créées pour la scénographie de Danser Schubert au XXIème siècle, par le Ballet de l’Opéra National du Rhin. L’occasion idéale de soumettre Silvère à l’interview Roulette Ruse. Une appli, des numéros tirés en aléatoire, chacun correspondant à une question.

6. Un livre de chevet?

Ce livre est réellement posé sur ma table de chevet: c'est Lettres à un jeune danseur, de Maurice Béjart. Notre professeur d’histoire de la danse nous l’avait recommandés. Le découvrir a été un gros choc. Béjart ne parle pas seulement de technique, il apporte aussi une réflexion mystique, philosophique, poétique sur sur le sens de la danse dans la vie d’un jeune homme.



15. Qu’est-ce qui vous inspire?

Tout part d’un processus artisanal, basique, de couches posées les unes sur les autres qui forment une texture. De quelque chose de terre à terre, j’aboutis à un tableau à l’univers onirique. ,Je passe ainsi de la vie quotidienne à une vie fantasmée que je découvre au fur et à mesure, en peignant. Lorsque j’ai commencé à peindre, j’étais dans la recherche d’une sensation proche de la danse, mais le mouvement n’a rien à voir, il est plus intime, plus apaisé, plus méditatif. Par contre, être debout face à la toile me ramène aux heures passées devant le miroir et, d’une certaine manière, le tableau devient un miroir de soi-même.



17. Les musiques qui vous accompagnent dans vos étapes de création?

La musique n’influe pas sur ma peinture, mais elle participe à la bulle dans laquelle je plonge quand je peins. J’aime bien écouter des ambiances hallucinatoires qui ressemblent à celles de mes tableaux, cela crée un lien bizarre, je pense aux disques de Björk, de Portishead, d’électro. Je me passe aussi de la musique classique, les morceaux durent plus longtemps.


Première Utopie

31. Artiste, hasard ou vocation?

Ma vocation de danseur remonte à l’enfance, j’ai pratiqué la danse classique dès le cours préparatoire, cela me plaisait énormément. Ma prof de danse a suggéré de tenter le concours de l’Opéra, j’avais 9 ans, cela m’a pris au dépourvu. Je l’ai passé pour ne pas avoir de regret et je l’ai réussi, mais à l’Opéra, il n’était plus question de passion, de plaisir, mais d'engagement, de carrière. Et donc de pression, de compétition… La passion est revenu vers la fin de la formation mais à 18 ans, une blessure a stoppé net tout espoir de danser au niveau professionnel.


9. Un héros, une héroïne d’enfance?

Sans hésitation, Mulan, de Disney, dont j’aime l’indépendance, le courage, la façon de casser les codes. Je connais le film par coeur et j'en regarde encore des extraits.




36. Qu’avez-vous acheté avec votre premier cachet?

Le tout premier remonte à l’école de danse, on percevait des cachets lorsque l’on se produisait sur scène mais pas au tarif complet, cela devait représenter 100 € sur l’année et je ne sais plus comment je les ai utilisés. Ensuite, quand j’ai commencé à vendre des tableaux, j’étais encore étudiant et ces sommes m’ont permis de m’offrir des voyages autour du monde - Mongolie, Singapour, Pérou, Chili, Chine…, parfois juste pour un week-end, d’autres lors de road-trips de trois mois. J’ai ainsi parcouru une quarantaine de pays. C’était exaltant.



(C) Brigitte- Lazaroo

22. Un modèle de glamour?

Nijinski représente le glamour absolu. C’était un grand danseur et un grand chorégraphe très reconnu y compris pour son côté glamour, et puis il est sorti avec Diaghilev, le summum. En plus, il était complètement fou. Son journal intime est ahurissant.

1. Une histoire derrière votre prénom?

Mes parents l’ont déniché dans le calendrier. Silvère était un prénom très courant au 19ème siècle, on le retrouve dans les romans de Zola, notamment.


11. Si vous deviez rectifier votre fiche Wikipédia?

Les éléments factuels sont justes, les éléments artistiques, moins. Je lis : « son travail abstrait intègre aussi des doutes plus générationnels sur les questions environnementales et technologiques. » Je me sens effectivement lié à ma génération mais le reste est hors sujet. Ma peinture tient davantage du fantasme, de l’imaginaire, du monde intérieur.



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