
Flegme philosophe, pince sans rire, vague à l'âme aux lèvres, lave des mots... Les doutes de The Doug irriguent Jeune The Doug, un EP de chanson-rap fort en mots bleus et en maillot de foot qui ausculte la vie de jeunes entre RSA et manga, par exemple à Clermont-Ferrand où la Coopérative de Mai l'a pris sous son aile, ou ailleurs en France. Jules Garnier, 22 ans, s'est fait un prénom en empruntant celui d'un copain écossais (Douglas) de son frère, et en chantant le quotidien d'une génération 2020 perdue d'avance, sa plume trempée dans un lyrisme fiévreux pour mieux fixer les hauts, les bas, les fragiles. Sur son jeune cévé aux influences affirmées (Lomepal, Gorillaz...), figurent les Inouïs de Bourges (lauréat), les Chantiers des Francos, Bars en Transes. L'occasion idéale pour soumettre The Doug/Jules à l’interview Roulette Ruse. Une appli, des numéros tirés en aléatoire, chacun correspondant à une question.
36. Aviez-vous des posters dans votre chambre d’enfant? D’adolescent?
Bien sûr. Petit, j'avais mis au mur un drapeau de pirate. Pré-adolescent, un poster de System of a Down assez dégueulasse, acheté sur eBay. Et un autre de One Piece: je suis fan de manga.
4. Qu’est-ce qui vous inspire?
Mes textes parlent surtout de moi mais je peux être aussi inspiré par les autres. J’écris seul sur mon lit, dans le noir ou presque.
15. Plus d’amis ou d’amies?
Légèrement plus d’amis, certains depuis le collège, d’autres amitiés datent du lycée. A l’époque, j’écrivais des chansons qui évoquaient ce que l’on vivait et comment on se sentait, un mélange d’ennui, de mal-être et de colère. Je les considère aujourd’hui avec émotion.
2. Qu’est-ce que la musique a révélé en vous? Et de vous?
En moi? La musique m’a fait retrouver une sorte de sensibilité: j’ai longtemps été dans une gestion des émotions, dans le paraître, le rien n’est grave. La première chanson qui m’a fait pleurer en l'écrivant, c’était Tragédie, sur mon EP de 2017, à propos du décès de mon père quand j’avais 13 ans. Ce que la musique dit de moi? Je pense être sensiblement la même personne sur scène et dans la vie.

9. Un rituel avant de monter sur scène?
Je bois de l’eau, du thé, je me mets de petites claques pour me réveiller.
10. Une chanson qui vous rappelle l’école?
Les chansons qui me rappellent l'école sont surtout liées aux cours de musique qui avait lieu dans une sorte de préau. Rien que d’en parler, je me refais tous les couloirs de l’école et cela me ramène une petite nostalgie.
8. Qu’avez-vous acheté avec votre premier cachet?
Je l’ai touché avant de monter sur scène, et je me suis payé un verre au bar, juste après le concert. Mais le vrai premier cachet, je ne l’ai touché que six mois plus tard.
16. Un livre, un film de chevet?
Je ne reviens pas souvent sur les livres, mais Et Nietzsche a pleuré d’Irvin Yalom m’a particulièrement marqué, c’est une oeuvre entre roman, fiction et reconstitution historique sur la fin de vie de Nietzsche. C’est passionnant de découvrir l’homme de l’intérieur. Côté cinéma, je suis plongé en ce moment dans les premiers films de Godard, A bout de souffle, Pierrot le fou...
33.L’aventure est à l’intérieur de soi (Henry de Monfreid). D’accord?
En partie, oui. Il est important de partager avec les autres mais tu es toi-même ton propre co-locataire permanent. Vivons ensemble en s’améliorant et sans négliger le reste.
10.La musique est-elle cathartique?
Oui, oui, c’est même la seule raison de faire de la musique à la base. Il faut à la fois ne pas poser des questions pour plaire aux autres et tenter de les toucher. Sur le moment on a la boule au ventre, sortir le meilleur sentiment du monde peut provoquer un truc de ouf en soi. Tu vis des moments comme jamais.
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