14. Une date artistique importante?
Mon passage dans le radio-crochet de France Inter a été un point de bascule. Me sentir acceptée a validé mon désir d’être chanteuse à plein temps. J’ai attendu un peu avant de démissionner de mon travail afin de mettre de l’argent de côté, pour auto-produire un EP et voir venir...Le temps est élastique dans ce métier, un rendez-vous prend parfois six mois.
3. Chanteuse, hasard ou vocation?
J’ai toujours chanté. Petite, je composais des génériques de dessins animés, j’écrivais des chansons pour ma soeur qui était une enfant triste, des berceuses pour mes cousines. Mais mon rêve de petite fille était de devenir écrivaine. J’ai écrit un premier roman à 10 ans, en imitant les auteurs que je lisais: London, Dumas, Stevenson. Je ne croyais pas en moi et j’ai suivi des études de droit mais je n’avais pas envie d'évoluer dans ce milieu. La rencontre avec des journalistes m’a donnée envie d’exercer une profession plus concrète. J’ai pigé à Bakchich, Paris-Match, L’Officiel ou Jalouse, j’ai réalisé des interviews, des critiques littéraires mais c’était la galère. Alors, j’ai intégré une agence comme attachée de presse dans la mode, on cherchait quelqu’un de bilingue, qui présente bien, et j’ai eu une éducation à l’ancienne, stricte…
19. Une ville, un pays, inspirant(e)?
Je suis parisienne, Paris m’inspire, je sors souvent mon dictaphone en marchant ou dans le métro. Mais c’est New York où j’ai fini mes études, qui m’a libérée, là où j’ai chanté pour la première fois en public. Manhattan m’a inspirée des chansons qui sont restées dans ma guitare.
1. Ce que la musique a révélé en vous, de vous?
C’est un peu réducteur de le dire, mais la musique permet d’exprimer presque toutes les émotions et révèle le trop plein qui est en moi. Mes chansons dressent une sorte de portrait chinois, une version améliorée de moi-même. La Tempête, par exemple, revient sur ce que je ressentais enfant et n’arrivais pas à énoncer.. Orages rassemble des sentiments intimes de tristesse, de colère. La musique permet aussi de laisser passer l’orage justement, de poser des mots sans filtre, pour la première fois, peut-être. D'ailleurs, j’utilise peu le nous, surtout le je et le tu. Chanter ces mots devient alors une fête, un souffle de la vie.
27. Un accessoire qui ne vous quitte jamais?
Sur le conseil de ma grand-mère, je m’offre, à chaque grande décision, pour me donner du courage, un petit bijou en or, de tout petit prix. Des boucles d’oreilles lorsque j’ai démissionné; une bague quand j’ai été signé sur le label tôt Ou tard.
6. Une pochette de disque mythique?
Graceland, de Paul Simon. Petite, je la trouvais énigmatique, l’image de lui sur le cheval ne correspondait pas au disque. J’ai compris plus tard que ne pas montrer son visage était une démarche anti-système. C’est un album qui a accompagné les voyages familiaux en voiture, il était dans mon walk-man, je l’écoute toujours aujourd’hui.
30. Le/la poéte(ss)e que vous aimeriez mettre en musique?
Emily Dickinson, je l’ai longtemps mise de côté car je la trouvais trop mystique. J’hésite entre ses poèmes originaux et ceux traduits en français. Un rêve d'Henri Michaux a été aussi une inspiration pour écrire Comment. Sinon, adolescente, j’ai mis en musique un poème de Boris Vian.
5. La palme du style à…
Du style littéraire à Paul Simon et à Renaud, dont je possède les deux intégrales de textes. Du look à John Lennon. J’ai longtemps porté des pantalons pattes d’éléphants pour lui ressembler.
33. Une histoire derrière votre nom d’artiste?
Oui, bien sûr… Petite, j’utilisais l’humour comme mécanisme de défense. Mon prénom Anne-Claire est devenu Anne-Clown par déformation, et comme ma soeur n’arrivait pas à bien le prononcer, Anne-Clou. Clou est devenu mon surnom pour tous. Lorsque je suis montée sur scène, Clou me garantissait un anonymat, puisqu’à l’époque je travaillais donc dans la mode.
Orages. tôt Ou tard.
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