Plus d'une voix. Pas qu'un style. Des disques d'indie-électro, des habillages sonores et ce deuxième album sous le nom d'Octave Noire. Depuis toujours, Patrick Moriceau brouille les pistes, les sens et les sons sur ses synthés découverts, enfant, au retour d'une enfance en Afrique noire (Côte d'ivoire). Dans son nouveau disque, Monolithe, voisinent orages et douceur, promesses et doutes, pop et rap, électro sombre et murmures intimes, Dominique A et ARM. L'occasion de le soumettre à l'interview Roulette Ruse. Une appli, des numéros tirés en aléatoire, chacun correspondant à une question.
15. Une chanson, un disque, un groupe qui a changé votre vie?
A 10 ans, j’ai entendu Tangerine Dream, je me souviens très bien de ce moment-là, c’était sur la péniche d’amis de mes parents et j’ai été comme électrocuté. De là mon amour des synthés des années 1980. A 11 ans, je passais des après-midi entiers à la Fnac. J’ai découvert Athon, une comédie futuriste de Roland Vincent et Jean-Pierre Lang, interprétée par des enfants. Plus tard, Higelin m’a beaucoup marqué par les directions différentes qu’il prenait.
20. L’époque de la musique que vous préférez?
La fin des années 1970, le début des années 1980. C’est l’avènement des synthétiseurs, le début de la pop froide, Depeche Mode, New Order… J’ai eu un vrai choc en découvrant dans un documentaire sur Balavoine comment il a écrit l’intro de Tous les cris, tous les SOS, en samplant le son d’une locomotive à vapeur. J’aime prendre le son réel comme une matière, le trafiquer, le couper, le copier, le coller.
28. Votre premier quart-d’heure de gloire?
En 2002, j’avais envoyé une démo à Radio Nova, et je suis passé à l’antenne dans le cadre du meilleur auto-produit de l’année.
14. En écoutant Monolithe, on vous connaît un peu, beaucoup, tout à fait?
Très peu, à 3% peut-être. J’aime tellement d’autres styles, j’ai tellement d’envies comme faire de la musique baroque électronique. Un album, c’est des virgules. Le but du jeu, c’est de semer les gens.
-Parlez-nous des guests du disque?
Dominique A avait confié à mon ingé son qu’il aimait beaucoup le morceau Néon. Il a accepté tout de suite de chanter J'ai choisi et a donné une troisième dimension à la chanson. Mesparrow assuré tous les choeurs avec sa belle voix rauque et douce, dans le souffle. Notre duo, Parce que je suis, évoque les rapports entre homme et femme. J’aime la puissance des textes de ARM. Chacun a écrit sa partie de Monolithe Humain, qui raconte le monde d’aujourd’hui.La chanson parle d’une personne qui sort de la route au sens propre comme au figuré, de gens en rupture, en révolte.
24. Une histoire derrière le nom d’Otave Noire?
Octave pour le son. Noir pour la couleur ou la non couleur. Ce n’est pas une référence à mon Afrique natale ni à quelques chose de sombre. Le monolithe pour les égyptiens, c’est un rayon de soleil pétrifié. L’album est lumineux, solaire, avec cependant une forme d’anxiété que j’ai voulu retranscrire sur la pochette. Le k-way me prépare à quelque chose. Sur le visage perce une forme d’inquiétude avec le regard vers le lointain.
36. Une chanson parfaite selon vous?
Manureva, d'Alain Chamfort, pour la production, la mélodie, l’histoire de la chanson. Ton Héritage, de Benjamin Biolay, qui me fait fondre à chaque écoute. Stress de Justice, car ils ont réussi à transposer la violence en musique.
9. L’accessoire qui ne vous quitte pas?
De petites graines utilisées pour un jeu africain, Awalé. Et le lance-pierre de mon enfance.
Monolithe. Yotanka Records. Le 25 mars au Café de la Danse (Paris). Et en tournée.
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