Sens du groove, bien sûr. Soul et soie, aussi. Le jazz au coeur, évidemment... Maë Defays arpente le versant soleil d'une pop enveloppante, chaleureuse et nomade, qui se promène de l'Afrique au Brésil en passant par les Antilles. Enfant de la balle - son père a fondé le groupe Blues Trottoir (Un soir de pluie, tube de 1987), son grand-père est Pierre Richard - Maë a été formée au jazz le plus pur au Centre de Musiques de Didier Lockwood. Une douceur inquiète bondit dans les morceaux de son premier album A Deeper ocean, fleuve de sensations et d'images insolites. L'occasion de la soumettre à l'interview Roulette Ruse, des numéros tirés en aléatoire sur une appli, chacun correspondant à une question.
23.Chanteuse, hasard ou vocation?
Vocation de ouf, de toute façon, je ne crois pas au hasard. J’ai grandi dans un univers musical : mon père jouait du saxophone à la maison, j’assistais à ses concerts… Ma mère a été danseuse de Salif Keita, attachée de presse spécialisée dans la world et la musique antillaise. Et moi, j’ai pris très tôt des cours de danse, de piano, de théâtre. J’ai commencé à composer à la guitare, à écrire des chansons, puis je me suis inscrite au Centre des Musiques Didier Lockwood tout en suivant une fac de lettres et d’arts.
1.Des posters dans votre chambre d’enfant, d’adolescente?
Les 4 murs étaient remplis de posters, d’abord de Lorie, du Cp au CM1: je l’écoute encore par nostalgie. Puis de Beyoncé et Destiny's child, de Britney Spears…
10.Un pays inspirant?
Plusieurs. Le Bénin où vit ma mère, c’est là qu’est née l’idée de la chanson Mangrove. Le Brésil, où je l’ai écrite. La Guadeloupe: j’ai tourné un clip dans la ville de mes grands-parents maternels, Trois--Rivières. Et les marais salants, parce que j’y ai filmé un autre clip, cette fois-ci près de la maison de mon grand-père paternel.
21. La musique est-elle cathartique?
Carrément. Mangrove, par exemple, a jailli au sortir d’une grande rupture, assez inattendue. Sachant que la mangrove est un écosystème survit dans un environnement hostile… La chanson achevée, je me suis sentie plus puissante. Ecrire apprend sur soi. Le tournage de mes clips aussi m’a fait grandir: je les ai co-produits, j'ai écrit les scénarios, assuré les repérages, les casting des danseurs…
11.Qu’avez-vous acheté avec votre premier cachet?
Rien du tout. Je l’ai mis de côté pour l'investir dans un instrument de musique ou louer un studio d’enregistrement…
32.Un modèle?
2 ex-aequo et depuis toute petite: Michael Jackson et Beyoncé. Si j’ai le blues, je me repasse une de leurs vidéos, un de leurs albums… et cela me motive
36.Un(e) artiste disparu(e) que vous auriez-vous aimé voir en concert?
Amy Winehouse. Le premier morceau que j’ai joué à la guitare est une de ses chansons, j’avais 14 ans.
15.Qu’est-ce qui vous inspire?
Mon ressenti, mes contradictions, mes anxiétés. Des thèmes qui me font réfléchir et me questionner. Par exemple, le mouvement Black lives matter a résonné en moi, en tant que femme métisse originaire des îles et de la métropole. Dans Enfants de l’orage, je me connecte à mes ancêtres antillais et parle du racisme et de l’héritage de la colonisation. A Deeper ocean évoque l’éco-anxiété et la montée des océans...
17.Votre côté sombre et votre côté solaire?
Toutes mes facettes se côtoient dans cet album peut-être mélancolique dans ses harmonies, mais solaire, lumineux et plein d’espoir: on ne peut pas créer dans un monde auquel on ne croit pas
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