Edmond, adapté au cinéma par Alexis Michalik, auteur et metteur en scène de la pièce, révèle Lucie Boujenah, dans le rôle de Jeanne, l’habilleuse du Cyrano de Rostand. Mais aussi la muse de l’écrivain incarné par Thomas Solivérès.
© Boris Foucteau
Le théâtre m'a transformée
« Ma mère est monteuse de films, mon père médecin - ils sont quatre frères, dont Michel et Paul. Petite, j’étais très dissipée, stressée, éparpillée. Mes parents m’ont alors inscrite à des activités artistiques… rien ne m’allait. Et puis j’ai essayé une école de théâtre pour enfants et cela m’a transformée. Jouer, c’était vivre le moment présent, juste présent, et ne plus me sentir angoissée car je l’étais énormément. Par exemple, j’étais obsédée par le fait que ma soeur Jeanne ait les yeux bleus, et pas moi. Je pensais qu’elle voyait la vie en bleu. Jeanne qui est scénographe, en a tiré un court-métrage, Elle, dans lequel je figurais.
Entrer au Conservatoire
Après le bac, j’ai commencé des études de linguistique, mais les horaires m’empêchaient de suivre les cours de théâtre. J’ai arrêté la fac et préparé le concours d'entrée au Conservatoire très rigoureusement, avec trois amis comédiens. J’ai passé des scènes d’Iphégénie (Racine), Le Cercle de craie Caucasion (Brecht) et Roberto Zucco (Koltès), le rôle de la grande soeur. Au Conservatoire, je me suis imprégnée de grands textes, j’adore cela, j’oublie le temps. Mais j’ai su très tôt que la répétition terminée, le rôle l’était aussi. La comédie me permet d’être bien dans la vie, moins bouleversée par la réalité.
Ma rencontre avec Alexis Michalik
Je l’avais rencontré il y a quelques années. Alexis savait que j’étais passée par le Conservatoire, il aime bien les actrices de théâtre. Il m’a rappelé le lendemain des essais pour un week-end de lecture avec Thomas {Solivérès}. Puis pour une autre lecture avec Tom {Leeb}, et à la fin de la séance, il m’a proposé de les accompagner en République Tchèque pour le tournage. Avant, nous avons beaucoup répété, et grâce au costume, je me suis rapprochée de Jeanne. Sa robe me collait à la peau au millimètre près, j’étais elle.
Incarner la muse de Rostand
Jeanne est un personnage fictif qui porte Edmond et lui donne un souffle, une inspiration. C’est une jeune femme candide et moderne, elle travaille, aime deux hommes en même temps, mais peut se montrer à la fois coincée, capable de gifler Léo, son prétendant, pour un bisou, puis de l’attirer dans sa chambre. J’ai aussi la chance de jouer Roxane dans le film et de m’attaquer au texte de Rostand, de Rappeneau, j’ai tellement vu son Cyrano, enfant. Je n’ai pas cherché à imiter Anne Brochet qui incarnait sa Roxane, je voulais trouver ma propre musique. La scène du couvent qui mettait la barre si haut me terrorisait. Par contre, j’attendais avec impatience celle de la scène de guerre sur les planches car c’est un plan-séquence tourné à la steadicam, et les changement de costumes se sont effectués en temps réel, comme au théâtre.
Mes potes de Five
Pierre Niney et moi étions à l’école primaire ensemble, et je connais Igor Gotesman depuis dix ans - il est aussi au générique d'Edmond. Pour mon rôle dans Five, j’ai passé des essais. Je n’ai jamais été pistonnée même quand des amis étaient à la tête du casting. Mais je n’ai rien contre (rires).
Edmond, de Alexis Michalik. Sortie le 9 janvier.
Bonus:
Un réalisateur: "Ken Loach, l’art et le message social. J'aime particulièrement Ladybird."
Un auteur: Philippe Roth, un peu déprimant, mais les histoire contemplatives me captivent."
Un projet: "Marianne, de Samuel Bodin, pour Netfix. J'interprète l’agent d’une écrivaine de livres d’horreur dont les personnages monstrueux prennent vie.
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