Dans Une Affaire française (TF1), de Christophe Lamotte, labyrinthe de la haine en Vologne, Blandine Bellavoir interprète Christine Villemin, un rôle majuscule chargée de larmes et d'adieu dans lequel elle fait sa révolution intime au côté de Guillaume Gouix, lui aussi sidérant de justesse. C'est sur le fil de la fantaisie que la comédienne originaire du Morbihan, formée à Molière et Shakespeare, a fait une entrée pétillante à la télévision avec notamment Les Petits Meurtres d'Agatha Christie avant d'enchaîner des rôles de femmes-flics ou des personnages de comédie. Blandine Bellavoir réalise actuellement un documentaire, La Tempête, sur la dépression post-partum. L'occasion de la soumettre à l'interview Roulette Ruse. Une appli, des numéros tirés en aléatoire, chacun correspondant à une question.
Comment vous êtes-vous glissée dans la peau de Christine Villemin?
J’ai visionné des interviews du couple. J’avais un tête cette famille fusionnelle formée par Christine, Jean-Marie et Grégory Villemin et j’ai essayé d’être la plus respectueuse possible. Interpréter une personne réelle et vivante est une grande responsabilité - en particulier quand celle-ci a vécu l’un des pires cauchemars qui soit: la perte d’un enfant. Et parce que sa vie a été passée au rouleau compresseur. J’ai essayé d’être toujours à la hauteur au cas où elle visionne la série. J’admire sa force, sa résilience.
8. Quelle scène a été la plus difficile à tourner?
Je pensais que celle où Christine Villemin cherche Grégory et l'appelle serait la plus éprouvante, mais toutes l’ont été. Comment a-t--elle fait pour tenir avec tout ce quelle a subi? Cette traque pose des questions, en tant que femme, sur l'éternelle chasse aux sorcières.
30. Si vous rencontriez Christine Villemin?
Cette rencontre se passerait de mots. J’aimerais juste croiser son regard, je pourrais m’y perdre.
5. Quels sont les personnages marquants de votre filmographie?
Ceux qui m'ont amenée à lire des auteurs qui posaient la question du féminisme. Maison close, par exemple, m'a fait prendre conscience de la place des femmes dans la société, comment notre instinct de survie est toujours en alerte que l'on soit née dans le caniveau ou dans un milieu aristo. Et Alice Avril, bien sûr, dont j'aime la fraîcheur et l'innocence et dans laquelle j'ai mis beaucoup de moi. Elle aussi m'a fait prendre conscience de beaucoup de choses.
29. Une personnalité disparue que vous auriez aimé rencontré?
J’aurais aimé travailler avec Patrice Chéreau. Et assister à un concert de Jacques Brel. Il revient toujours dans ma vie.
22. La palme du style à…?
Blanche Gardin, pour sa rigueur, sa liberté et sa façon d’aborder frontalement les sujets à partir d’elle-même. Je l’adule.
1. Comment étiez -vous enfant?
J’avais un côté petite fille modèle, première de la classe, douce, discrète. Et à la fois, je faisais beaucoup de VTT avec les voisins. Les concours du plus long dérapage m’ont valu pas mal de chutes et une cicatrice au visage.
14. Un héros ou une héroïne de jeunesse?
J’adorais Sailor Moon que je trouvais forte, spontanée, jolie, maladroite. J’avais envie de lui ressembler, moi, qui avais les cheveux frisés et de petites lunettes en plastique bleue que j’avais choisi moi-même. J’avais à l’époque un caractère fort et libre que j’ai peiné à conserver. Et à retrouver.
2. Chantez-vous dans votre salle de bain?
Pas seulement dans ma salle de bain. J’adore chanter, c’est l’interprétation poussée à son paroxysme, on est porté par son souffle. Mes premiers souvenirs de chant remontent aux fest-noz, en Bretagne. C’est d’ailleurs lors d’un fest-noz que mes parents se sont rencontrés. L'épisode de Petits Meurtres d'Agatha Christie sous forme de comédie musicale était un vrai plaisir.
25. Quelles musiques écoutiez-vous adolescente?
Je puisais dans les 33 tours de mes parents et me passais les vieux tubes de Santana, de Joe Dassin, de Christophe. Et de la musique bretonne, irlandaise.
12. Plus d’amis ou d’amies?
Jusqu’à la trentaine, j’étais entourée de garçons, dont mes deux amis d’enfance avec lesquels j’ai des liens très forts depuis l’école primaire - j’ai grandi à Guérande. Je me revois sur la plage leur dire: « je vais avoir 20 ans, ça va aller très très vite. » J’ai senti le gouffre qui séparait les filles et les garçons d'abord en arrivant à Paris. Puis, avec la maternité, j’ai compris que l’on ne naît pas femme, comme disait de Beauvoir, et ce pouvoir d’être mère, que l’on peut utiliser ou pas.
6. Quels posters sur les murs de votre chambre?
Aucun. Comme je faisais beaucoup d’arts plastiques, je peignais les murs de la chambre du grenier que mes parents m’avaient aménagée. C’était des fresques très minutieuses, un peu comme des mandalas.
Comments