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Les images initiales de P.R2B

Dernière mise à jour : 11 sept. 2020



L'absolu de l'instant. Les amantes d'un soir. Une nuit de cavalcade. Avec La Chanson du bal, Pauline Rambeau de Baralon est entrée en majesté et en majuscules dans la chanson - celle-ci est réalisée par Tristan Salvati (Angèle) comme l'album à venir. D'autres morceaux disponibles sur internet montraient ce printemps combien tout vibre en P.R2B: les images secrètes de vies en rose et névroses, la voix de brume, les rythmes intrépides fardés d'une mélancolie caressante. Son premier EP accompagné du clip en noir et blanc de la chanson Des rêves, "ma chanson la plus directe." L'occasion de passer au scanner la ciné-chanteuse, également comédienne et réalisatrice diplômée de la Fémis.


DANS MA TETE

Mes vocations

« Mon père est guitariste, j’ai toujours eu des instruments de musique à portée de main, un studio où je pouvais les faire sonner, et j’ai choisi très tôt d’étudier la clarinette. Le deuxième tilt, c’est La Passion de Jeanne D’Arc de Carl Dreyer, découvert sur une cassette vidéo, à 9 ans et demi. J’ai été happée par le visage de Renée Falconetti. La cinéphilie m’a attrapée et je louais beaucoup de vidéos, dans la collection « François Truffaut présente », il recommandait en introduction de toujours commencer par voir les films en salle. J’ai voulu écrire mes scénarios, réaliser.


Vers 13 ans, j’ai fait un stage de projectionniste, j’avais l’impression d’évoluer dans Cinema Paradiso. A la fin du collège, j’ai commencé à raconter ma vie en chanson, en m'accompagnant à la guitare, appris en autodidacte. Je parlais de mes problèmes de dérogation pour étudier en section cinéma, de mes affres personnelles. Pendant longtemps, la musique a été un espace cultivé comme un jardin, un lieu élu. Au lycée, je participais à des concerts d’internes, je chantais mes propres chansons, des reprises… Ma passion pour le cinéma pouvait paraître assez austère, je parlais des heures de Vertigo ou de Sueurs Froides, mais elle rencontrait la pop culture par la musique et s’inscrivait dans une transmission joyeuse. »



L'histoire de P.R2R

« Les comédies musicales m’ont très vite enthousiasmée dans leur façon de mêler la comédie, la danse et le chant, alors qu’en France, les institutions m’intimaient l’ordre de choisir: réalisatrice? chanteuse? comédienne? J’avais seulement envie de m’exprimer. Parallèlement à un cursus théâtre et cinéma, à Paris III, j’ai suivi les cours Florent, pour tester le jeu sur un plateau et m’approcher des auteurs qui ont marqué la langue. Au lieu de me disperser, comme on me le reprochait, je me suis rassemblée. A la Fémis, j’ai joué dans certains de mes films et proposé des musiques pour les courts-métrages des autres. Vers la fin de mes études de cinéma, j’ai posté sur internet mes propres chansons, notamment Ocean Forever, et c’est ainsi que l’histoire de P.R2B a commencé. R2B était l’un des surnoms que l’on me donnait au lycée avec Rambo, j’ai d’ailleurs retrouvé un de mes EP de lycéenne gravé par mes soins au nom de R2B.  La particule qui remonte à l’époque médiévale paraissait anachronique, je viens d’une famille d’artistes.»




AU FOND DE MON COEUR

Un travail archaïque

« Le format de 3 ou 4 minutes est un écrin pour raconter une émotion ou conter une histoire. La chanson du bal est significative de cela. J’écris souvent, sans rien m’imposer, l’exercice est toujours douloureux. J’ai l’impression d’enfiler une blouse de peintre, et de m’atteler à un travail très archaïque, devant ma palette de couleurs. Cela commence parfois par une première phase de mise en état, qui révèle un plaisir à chaque fois vertigineux. Evidemment, les grandes émotions et les vécus très intenses sont des sources d’inspiration. Parfois, lorsque je vis de grands moments de tristesse, je vais chercher de l’espoir dans la musique. D'autres fois, c’est dans le silence ou quelque chose d’abstrait. Je n’ai jamais écrit une chanson qui découle directement de la vision d’un film, les images sont pour moi comme des aplats, des regards caméra, qui m’interpellent. A l’exception de La Piscine, les paroles « combien de larmes pour remplir la piscine », renvoie à la fin de Deep End, de Jerzy Skolimovski. Pour le cinéma, cela peut être l’inverse. J’ai découvert par hasard Moondog proposé par un site alors que j’écoutais du jazz sur internet. La pochette du disque, la tête de viking de Moondog, le son, cela m’a provoqué une émotion incroyable que j’ai transposée dans mon court-métrage Bird’s Lament. »


© Marie Stéphane Imbert

Les freins du destin

« L’inspiration d’un film, c’est encore autre chose. Ce qui me touche, c’est de parler des êtres qui avancent quelque part, et sont freinés dans cette avancée par les saisons, les péripéties. Le cinéma est toujours venu d’une manière fulgurante et précise. La musique permet de laisser une chanson en suspens, le cinéma est davantage protocolaire, c’est pour cela que l’oeuvre de Maurice Pialat m’émeut autant, dans sa manière de laisser croire qu’il achève une histoire avant d’ajouter une dernière scène. »



SUR MON CORPS

L'heurt de la scène

«  Il n’y a pas un moment où ma tête ne vit pas dans mon corps. J’ai toujours été bouleversée par les performers, Jan Favre, Marina Abramovic, comment le corps peut se mettre au service de cette radicalité. Sur scène, je me suis souvent surprise physiquement, c’est pour cela que j’aime autant le live, l’expérience de redire un texte devant un public chaque fois différent, et de m'apercevoir qu’il révèle soudain un autre sens, que je me perde mes mots. Un plateau de cinéma, c’est différent. Il y a la fois l’étonnement et la responsabilité du projet, impossible de s’abandonner. »


La danse des corps

« J’ai écrit La Chanson du Bal au départ pour le projet de théâtre d’une amie, dans lequel des filles parlaient de leur vie. Le texte raconte comment une jeune femme arrive avec beaucoup d’espoir dans un endroit où elle n’est pas la bienvenue. La Chanson du bal est un conte où le corps a toute sa place. Les paroles racontent l’arrivée d’une personne dans un endroit qu’elle traverse avec ses émotions et dans lequel elle se sent déplacée. J’ai réalisé le clip et j’incarne ce personnage. Le thème m’est venu dans des soirées où oscillaient des gens branchés qui ne laissaient aucune place aux autres. Mes chansons rassemblent des contrastes radicaux d’émotions, à la façon du cinéma qui propose divers formes et formats: noir et blanc, 16.9, cinémaScope… »


(Naïve/Believe). A La Boule Noire, le 17 septembre. Et en tournée.



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