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La marche à l'étoile de Marvin Jouno

Dernière mise à jour : 28 mars 2020


Intérieur Nuit, son premier CD a braqué les projecteurs sur Marvin Jouno et son romantisme flamboyant, énervé, contrarié. Bousculant sa vie, une vie désertée marquée par la solitude et l'absence, le chanteur revient avec s/Mars, un disque extérieur jour cette fois-ci, entouré de ses complices de toujours: Agnès Imbault (Canine) à la co-composition, et Angelo Foley (Christine and the Queens) à la réalisation.

Le nomade parisien a voyagé des rues de Paris au port de Tokyo, dans ses bagages, une valise, un carnet, un appareil photo et trois figures féminines. Car plusieurs voix convergent vers cette odyssée personnelle où Marvin rembobine une existence pleine de ruptures, musicalement aussi. Des Fraises sauvages bergmaniennes chantées avec le ventre et plantées dans la réalité d'aujourd'hui.

(C) Mélanie Elbaz

LIFE ON MARS

« s/Mars est né de mes marches nocturnes dans le nord-est de Paris, j'écoutais la scène allemande, nordique, en mode aléatoire, en mode répétitif. J’ai un oeil photographique, je prends des notes sur mon téléphone, je joue avec les mots, les assonances. Une de mes amies s’était inscrit sur une loterie pour émigrer sur mars, selon, cela s’apparentait à un suicide social. Des films comme Interstellar, Gravity, Seul sur Mars étaient sortis et j’avais aussi en tête (L'Etrange histoire de) Benjamin Button, cette idée du compte à rebours inversé. Avec s/Mars, je pousse plus loin mes incursions dans le hip hop ou l’électro amorcées dans Intérieur Nuit mon disque précédent (2016). Je voulais que cet album soit daté 2019, c’est pourquoi j’utilise l’auto-tune comme un témoin de l’époque. »




DOMICILE CONJUGAL

« Un soir de fin février, j’ai connu un grand départ: j'ai vécu une séparation après dix années de vie commune et tenté une relation à distance avec une personne dont j’étais amoureux, et vice-versa. J’ai perdu ma mère emportée par une longue maladie… s/Mars , c’est l’histoire de la chute d’un mec qui va avoir 35 ans et voit le sol se dérober sur lui. J’ai vécu avec une valise, dans le dépouillement total, allant de location en sous-location, d’appartement vide à la maison de mes parents, en Bretagne. Comme ces films choraux d’Inarritu (21Grammes, Babel), trois femmes se croisent dans  s/Mars, quelque chose de cinématographique se dégage du réel. Je voulais peut-être davantage d’images sonores, j'ai choisi des extraits d’une émission de la Radio Télévision Suisse sur la façon dont les enfants envisages le futur, des messages reçus sur ma messagerie ou d’hôtesses de l’air lors d’un vol en Islande. Je n’avais pas envie de raconter d’autre histoire que moi-même, il n’y a pas cette fois-ci de chansons comme Antoine de 7 à 9 (inspiré par Cléo de 5 à 7, d’Agnès Varda) ou d’après un roman (La Femme qui attendait, d'Andreï Makine) ou un faits divers. "»


TOKYO EYES

« Ma mère me lisait tous les soirs les aventures de Tintin quand j’étais petit. Je voulais être journaliste, voyager. La musique m’a sédentarisé mais grâce aux concerts j’ai connu le Brésil, l’ Algérie, la Roumanie… Après avoir enregistré la première partie de s/Mars, j’ai réalisé un rêve d’enfant et pris le transsibérien, j'ai ainsi réalisé un trait d’union entre Brest, lieu de mon départ, et Tokyo, rallié sans prendre l'avion; entre l’atlantique et le pacifique. J’étais seul dans mes pensées, "lost in translation", sans contact, sans personne à qui parler, perdu dans une langue, une écriture que je ne comprenais pas. J’ai juste emporté l’appareil photo argentique qui ne me quitte pas depuis l’adolescence et mon carnet de voyages sur lequel j’ai consigné des choses factuelles. Au retour, j’ai repris mes compositions et les ai chantés avec moins de rage. »


L'ECOLE DU DESIR

« J’ai suivi une section cinéma au lycée, un peu au pif, et le cinéma ne m’a pas lâché. Mon désir de journalisme a d’abord basculé vers le documentaire puis, en intégrant une école de cinéma, je suis allé dans la fiction, là encore un peu par hasard: le seul stage que j’ai trouvé à l’époque était celui de décorateur alors que je ne jurais que nouvelle vague, tournage en extérieur, cinéma guérilla. J’ai eu très vite des responsabilités, j’ai découvert des corps de métier complets et complexes, appris à travailler le bois, le métal. J’aime le côté do it yourself, pluriel. L’ordinateur m’a amené à la musique. Et chanteur me permet d’être chef d’orchestre, de m’impliquer dans la photo, le graphisme, les clips. Il y a quelques mois, j'ai suivi des cours de danse contemporaine. Danser, c'est explorer son corps en entier. J'ai eu longtemps tendance à me planquer derrière le pied de micro, une protection bien frêle. Sur scène, j'aime quand le chant se retire et que la musique s'envole. Je danse, je deviens le public...»




s/Mars (Un Plan Simple). Au Café de la Danse (Paris), le 12 mars.

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