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La bande à GiedRé


(C) Bichon

Un répertoire de chansons qui claquent, crues et drôles, ont mis GiedRé sur orbite humoristique avec des textes bien cash, solidement trash (La Belle au bois; Pisser debout; On fait tous caca). Mais sa plume se fait forcément (un peu moins cynique), lorsqu’elle raconte en bande dessinée sa petite enfance en Lituanie - elle est arrivée en France à 7 ans. Dans La Boîte de petit pois, les pages se tournent sur l'âge tendre, mais l’encre sombre imbibe parfois les dessins pastels de Holly R, à l'aquarelle, aux crayons de couleurs. Derrière le chewing-gum convoité tombé du ciel, qui se savoure et passe de bouche en bouche d’écoliers, tonnent les restrictions, les arrestations et les neiges du goulag en Sibérie. Face A: chanson triste. Face B: GiedRé est aussi en « constacle » dans toute la France. L'occasion de la soumettre à l'interview Roulette Ruse. Les numéros sont tirés d'une façon aléatoire, chacun correspondant à une question.


15. Une chanson d’enfance?

A l’école, on apprenait des comptines lituaniennes, moins traumatisantes que les chansons française: de petits coqs allaient au moulin moudre du blé. Mais chez moi, on avait que deux cassettes, l’une de Joe Dassin, l’autre de chansons d’amour italiennes. Même au sein de ma famille, les choses étaient cachées. Ma mère m’a raconté longtemps après, qu’adolescente, elle bidouillait les antennes avec un cintre pour écouter Les Beatles.


36. Un pays qui vous inspire?

La Lituanie qui, à l’époque de ma naissance, ne l’était pas - c’était l’Union soviétique. Pour raconter ces années d’enfance, il me fallait changer de paradigme. Tout ce qui me paraissait normal, ne l’était évidemment pas. Par exemple, l’épisode du chewing-gum est banal en Lituanie. Pour le chapitre qui concerne mon oncle, déporté dans un goulag, à 17 ans, je l’ai interrogé à plusieurs reprises. Selon lui c’était la période la plus libre de sa vie. Il était déporté d’un endroit où il devait se taire à un autre où il pouvait échanger librement avec les autres camarades. Je me rends quatre fois par an en Lituanie, c’est mon pays. Mais je n’en parle pas dans mes chansons, je trouverais cela impudique. Je n’ai jamais donné de concert là-bas, et je n’en donnerai pas.






2. Envisagez-vous l'écriture comme une catharsis?

Non, la scène l’est davantage. Je n’avais aucun besoin de régler des comptes, c’est un prétexte pour raconter autre chose. Comme j’ai l’habitude de tout faire, j’avais réalisé des story-boards en amont. Je ne voulais pas de création sur ordinateur, je trouve cela trop impersonnel, mes chansons, je les écrit à la main, et déjà, j’ai l’impression que les lettres appartiennent à tout le monde. Les dessins de Holly R, sur du papier, m’ont touchée. Son travail est colossal, la double page de la forêt, lui a pris deux semaines.


24. Qu’avez-vous acheté avec votre premier cachet?

Un vélo électrique, en 2010. La classe. Mais puisque Culpabilité est mon deuxième prénom, j’ai culpabilisé d’avoir dépensé tant d’argent.


5. Quels posters dans votre chambre d’enfant?

Lorsque ma mère est arrivée en France, on lui a parlé du Club Dorothée, et c’est ainsi que je suis devenue fan d’Hélène Rollès - je suis d’ailleurs allée la voir récemment à La Maroquinerie. Après, on lui a parlé de Céline Dion, et elle a acheté l’album Deux, mais comme on n’avait rien pour l’écouter, j’inventais mes propres musiques en suivant les paroles sur le livret. Quand on a eu un lecteur de CD, j’ai pu découvrir les mélodies et la voix de Céline Dion. Enfin, ma mère a fini par acquérir le double album des Beatles de son adolescence.



La Boîte de petit pois, de GiedRé et Holly R. Delcourt/Une case en moins. 112 p; 15,50 €.

GiedRé est les gens: En tournée à partir du 14 septembre. Les 9 octobre, 6 novembre et 4 décembre. Théâtre de l’Européen (Paris).







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