Formé au jazz, mais tempérament rock, le québécois Vincent Roberge, 23 ans, a inventé sa propre langue, de la pop groovy avec du rap qui dépote, du français avec de l'américain, de l'argot avec de la philo, et un surnom qui fait parler, Les Louanges. Le Gala de l'Adisq, l'équivalent des Victoires de la musique, a été plus que sensible aux Louanges qui a reçu 3 Félix pour son premier album, La Nuit est une panthère : Album de l’année-choix de la critique; Album de l’année -alternatif; Arrangements de l’année. L'occasion de le soumettre à l'interview Roulette Ruse. Une appli, des numéros tirés en mode aléatoire, chacun correspondant à une question.
15. Une appli musique, un logiciel à recommander?
Logic Pro X, grâce auquel j’ai composé et enregistré 40 à 60% de mon disque avant de travailler avec mon saxophoniste et des beatmakers. Je suis issu du milieu du jazz par mon parcours, et du rock par goût. Mais j’écoute beaucoup de hip-hop, d’électro… .
8. Une influence particulière?
Nights de Franck Ocean est mon graal, je n’ai pas trouvé grand chose de mieux. Parmi les autres influences, je citerai Demon days de Gorillaz, Boom boom, de Richard Desjardins, qui passait beaucoup à la maison. Son écriture vernaculaire, familière et brute, sa façon d’utiliser le joual, m’a sans doute fait grandir et autorisé à amener une langue personnelle.
36. Une anecdote liée à votre nom?
Je m’appelle Vincent Roberge et pour arriver à Les Louanges, ce nom a traversé pas mal de déformations. Un copain de lycée pas très à jeun m’avait surnommé Vincenzo, c'est devenu "vinchoenge", puis Louanges. J’ai essayé d’en trouver un autre en vain, et celui-ci a le mérite d’être intrigant. La connotation religieuse m’a valu beaucoup de likes du côté de la Côte d’Ivoire et de pays très religieux.
1. L’accessoire indispensable?
La panthère noire en couverture du disque, achetée 8 €, sa côte a monté, elle atteint les 140 € sur l'équivalent québécois du Bon Coin. Je l’ai importée sur les clips et même en décor de scène. Au départ, j’étais à fond dans Goethe, et je pensais d'abord à une référence à Faust, mais à 22 ans, m’attaquer à une statue de la littérature allemande, me paraissait énorme. Dans son recueil de nouvelles, Les Prophètes (1994), Sylvain Trudel racontait l’histoire d’un chauffeur d’autobus qui écrivait des histoires pour ses enfants: « la petite fille qui croyait que la nuit était une panthère. » Voilà d’où vient la panthère. Le titre d'une autre de mes chansons, Mercure, est aussi tiré de ce recueil.
5.Quels posters dans votre chambre d’adolescent?
Green Day, période American Idiot. Et des posters de skate.
19. Où écrivez-vous?
Chez mes parents, à Lévis, en face de Québec. Je passe par le sous-sol de la maison et je me rends dans un petit parc d'où l’on embrasse un panorama superbe, dont le Château Frontenac. Tout semble figé. Je reste des heures dans le silence à contempler la vue puis je reviens par le même chemin, m’assois au piano et laisse monter l’inspiration. Les paroles viennent plutôt en conduisant sur l’autoroute qui me ramène à Montréal. J’ai deux heures et demie pour réfléchir, parler à haute voix, trouver les mots.
CD: La Nuit est une panthère. EP: Expansion Pack (Bonsound).
En concert le 02/11 (Liège, Belgique), le 04 (Lille), le 05 (Paris, La Maroquinerie), le 06 (Bordeaux), le 08 (Chalon-sur-Saône), le 09 Sion (Suisse), le 13 Saint-Brieuc
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