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Flavien Berger, l'air du temps



© Valérie Le Guern, Maya de Mondragon, Juliette Gelli

Ses albums, Leviathan, Contre-temps, invitent à des voyages dans l'imaginaire, à des ballades aquatiques ou mystiques, et à dérouler son propre film ancré dans une architecture personnelle de ses souvenirs passés ou à venir. Le cinéma est d'ailleurs aussi au coeur de la création de Flavien Berger, 33 ans - il a signé plusieurs bandes originales. Son nom impressionne aussi l'art contemporain. Sa musique habillait notamment l'installation tentaculaire de Laure Prouvost, Vois ce Bleu profond te Fondre (Deep See Blue Surrounding You), présentée au Pavillon Français de la Biennale de Venise 2019.L'occasion de le soumettre à l'interview Roulette Ruse. Une appli, des numéros tirés en mode aléatoire, chacun correspondant à une question.


22. Que faites-vous entre deux concerts? Deux séances en studio?

En fait, la pratique musicale se mélange à ma vie: je cuisine, je lis… Je ne vois pas les choses d’une façon contrastée.


3. Le disque parfait selon vous?

Je crois que la perfection en musique n’existe pas. On traverse des cycles esthétiques, c’est aussi un sensation peu proustienne; à un moment un disque, un morceau se retrouve en haut de la pile. Parmi ceux qui m’emplissent d’émotion, figure, par exemple, Voodoo, de Di Angelo.





29. Une époque de la musique qui vous transporte?

Les années 1980 me plaisent à fond, avec l’introduction des boîtes à rythme, des effets digitaux dans la musique populaire.


Et en cinéma?

Celui des années 1970, les films d'Alain Resnais, d'Eric Rohmer, un cinéma où la réalité est fragmentée. Je tache de faire de la musique un peu comme cela, non pas avec une approche visuelle mais narrative.


8. Abandonnez-vous facilement une chanson?

La création, c’est aussi une question de choix, je me mets dans des situations où je dois choisir. Plus ça va, plus je me dis que les choses n’ont pas besoin d’être trop compliquées. L’étape suivante, pour moi, sera de voir comment un morceau dans son état brut se suffit par lui-même. Comment une chanson peut être riche dans sa simplicité et sa production.


En étirant vos chansons sur parfois quinze minutes, on dirait que vous vous voulez par lâcher l’auditeur?

Je développe une idée et l’étire sur le temps, cela permet d’installer l’auditeur dans une transe, de le faire passer d’un état à l’autre, de laisser une empreinte en lui. C’est une forme de recherche de voyage dans le temps.


19. Qui vous a donné des conseils à propos de la musique ?

J’ai tendance à suivre ceux des Oblique Strategies, de Brian Eno. Ils m’accompagnent dans mes moments de doute, ce sont des conseils aléatoires qui résonnent de manière différente, pas d’une manière appliquée.


15. Est-ce que vos disques vous dévoilent ?

Je ne pense pas, non, en tout cas, je n’aimerais pas. Les disques ne parlent pas de ma vie, ce sont davantage des visions du monde, du sentiment.


22. Votre premier quart-d’heure de gloire?

J’ai joué aux 36 heures de Saint Eustache, à Paris, en 2013. Mon premier disque n’était pas encore sorti. C’était hyper gratifiant, le champs des possibles étaient ouverts et larges comme l’église. D'ailleurs le chemin des idées prenaient leur temps dans l’espace, avec une réverbération de huit secondes.


En concert le 03/12 au Casino de Paris.

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