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Face à les Catastrophe


(C) AntoineHenault

Le petit laboratoire de Catastrophe regorge de sorciers de la gaité et peintres à la palette enthousiasmante. Un frisson court ainsi au fil de GONG!, nouvel album de ce collectif de 7 artistes, animateurs en joie de vivre, bricolos du bien-être, voltigeurs de comédies musicales. Il est bon d'écouter ces performers nés en bande en 2015 (Catastrophe a compté jusqu'à 20 membres) sous le signe du désir, puisque leur squat s'appelait Amour. C'est tout un monde - de belles envolées arc-en-ciel - qui vibre en eux comme si les Catastrophe célébraient le dernier jour avant la fin d'un monde. L'occasion de demander à Blandine Rinkel, compositrice et autrice de deux livres publiés chez Fayard et à Pierre Jouan, compositeur, de répondre à l'interview Roulette Ruse.Une appli, des numéros tirés en aléatoire, chacun correspondant à une question.

Que faites-vous entre deux concerts? On répète, beaucoup. On fait l’amour. On lit et on s'écrit. On regarde des films et puis on mange, un maximum. Les chansons d’un autre chanteur qui vous ressemble? Celles de David Byrne, dont on aime beaucoup le dernier spectacle American Utopia, entre concert et comédie musicale. De David Sztanke aussi, qui est le réalisateur de notre disque, et qui rend heureux comme un sundae en pleine canicule. Ou de David Bowie, parce qu’il est plusieurs. David Debrinay, qui a réalisé les lumières de GONG! et qui chante très bien aussi. On aurait adoré entendre David Copperfield chanter. Qu’avez-vous acheté avec votre premier cachet? Des costumes et du matériel pour faire un deuxième concert. On a longtemps réinvestit, on essaye toujours de le faire dans la mesure du possible, pour aller au bout de ce que l’on a en tête.


Une chanson qui vous rappelle l’école? Hey Ho de Tragédie, pour l’excitation dans la cour du collège. La citation qui vous accompagne? « Vas-y graille », une phrase qui revient souvent dans la bouche de notre bassiste, à l’heure du déjeuner. Plus sérieusement, on garde les citations qui nous accompagnent comme des secrets, pour que personne ne vienne les abîmer. Une ville/un pays inspirant(e)? La République d’Uzupis, à Vilnius, en Lituanie, sorte d’enclave bricolée qui comporte ses citoyens, son drapeau et une armée régulière de 12 hommes.


La chanson parfaite selon vous? Aimez-moi  de Philippe Katerine, c’est doux et piquant, ça fait pleurer et rire, c’est bien produit, c’est modeste et ambitieux. Un artiste que vous auriez aimé rencontrer ? Le chorégraphe (Chicago) et réalisateur Bob Fosse (Cabaret): on aurait adoré se mettre un coin d’un studio de danse, et observer sa manière de faire, pendant des heures. Et Chopin, pour partager un cookie à l’ombre d’un saule pleureur, sans rien se dire.  L’époque de la musique que vous préférez? Demain.


(C) AntoineHenault

A quel moment une chanson est-elle achevée? Quand il n’y a plus rien à y enlever : de manière générale, on voit les chansons comme des blocs de granit à sculpter pas à pas. Un film de chevet? Les choses de la vie, de Claude Sautet avec Michel Piccoli et Romy Schneider. C’est un film comme un océan, dont la texture vous colle à la peau longtemps après en être sorti. Une histoire derrière le nom Catastrophe? Ce nom bizarre — qui nous inquiète et nous amuse comme la vie — draine avec lui pleins d'anecdotes. On a fait des concerts sous l’orage, on a raté des trains et des avions, il y a eu des accidents, Carol s’est ouvert la tête en rebondissant sur scène… A chaque fois, on voit les imprévus qui nous arrivent comme des sortes de défis, presque nécessaires. Et on essaye d’en tirer une énergie nouvelle, comme on peut.


La palme du style à… Thom Browne, sans hésiter. Ce styliste américain sait concilier élégance et surréalisme, ce qui n’est pas donné à tout le monde.

Un écrivain/un poète que vous aimeriez mettre en musique Peut-être, Colum McCann, son dernier livre Apeirogon, un ensemble de 1001 fragments sur le conflit israélo-palestinien, est étrangement musical, et sa structure est fascinante. Mais sans doute se suffit-il déjà à lui-même. Que met-on, laisse-t-on, de soi dans une chanson? Des pans de notre inconscient, des phrases qu’on a laissé s’échapper et dont on ne comprend le véritable sens que bien plus tard.

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