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David Assaraf, coeur de père

(C) Yann Orhan

Un fil rouge, ou pourquoi pas bleu, comme ces papillons chantés avec Matthieu Chédid, court dans l'album sombre et pourquoi pas solaire de David Assaraf: Ceux qui dorment dans la poussière. C'est un disque sur la perte, chanté les bras ouverts, sensuel, aéré, désirant, léger et nocturne, où le chanteur comédien - passé par le Théâtre du Soleil - propose sur des airs virevoltants, un tango avec la mort, des ballades au piano enveloppant ou taillées dans le marbre. L'occasion de le soumettre à l'interview Roulette Ruse. Une appli, des numéros tirés en mode aléatoire, chacun correspondant à une question.


1. Chantez-vous dans votre cuisine? Votre salle de bain?

Non, ou très peu ou n’importe quoi, et en tout cas très fort. Je me suis rendu compte que je n’étais pas un grand chanteur de l’instant. Chez moi, tout est intériorisé.


33. D’où naît l’inspiration?

Je réfléchis beaucoup, j’analyse les choses et, de digression en digression, je tire un fil, des thèmes viennent en rebondissant sur une phrase. J’avais depuis le début le titre en tête: "Ceux qui dorment dans la poussière". C'est un extrait d'un verset de la Bible inscrit à l’entrée du cimetière où est enterré mon père. Au départ, je ne savais pas si j’écrirai une pièce de théâtre ou des chansons. Un 26 septembre, date anniversaire de sa disparition, et du baptême de mon fils, je me suis assis au piano, et la musique a jailli, en résonance à mon émotion.. Ce disque en hommage à mon père me permet de re-dialoguer avec lui, de lui parler sur scène. Derrière chacune des chansons du disque, il y a un secret, une histoire, un événement personnel.


(C) Yann Orhan


8. Quelles sont vos références?

Chet Baker a été déterminant dans ma manière de chanter. Lorsque je travaillais dans un piano-bar près de l’Opéra, je poussais ma voix comme si je passais à The Voice. Ce n’était pas moi. Lui chante d’une façon calme, posée, rassurante. Mes grandes sources musicales restent Chopin, dont j’étais amoureux, gamin. Tom Waits et Fiona Apple, pour la mélancolie qu’ils dégagent et cette forme de souffrance qui avec eux vire au sublime. Côté théâtre, Tchekov et Koltès m’ont donné envie d’écrire, ils ont la même finesse des relations humaines.




27. Un duo rêvé avec qui?

Fiona Apple à qui j'adresse un petit clin d'oeil dans Si je n’aime la vie. J’ai la joie d’avoir chanté avec Matthieu Chédid, rencontré par des amis communs. Il y avait eu cette collaboration sur Lamomali. Et puis un jour où l’on enregistrait à Motorbass, chez Philippe Zdar, il a déboulé pour jouer de la guitare et a proposé de faire la deuxième voix de Papillon bleu. Une autre forme de duo, c'est ma rencontre avec Ian Capple contacté sur Facebook, alors que j’étais au bout du rouleau. Il a accepté de réaliser mon EP, m’a apporté une écoute sans jugement et m'a aidé à me projeter plus loin.


19. Un accessoire?

Mon chapeau. Sur scène, c’est mon bleu de travail.



36. Avez-vous une autre passion/vocation ?

En Suisse, le théâtre est obligatoire au lycée. Le prof m’encensait. J’étais amoureux d’une fille qui se présentait au Cours Florent, finalement elle ne s’est pas présentée, moi, oui. Les cours étaient très intéressants, c’est une forme de sociologie en temps réel. J’e suis devenu un lecteur compulsif d’Histoire du théâtre, de livres d’écrivain, de poésie, mais j'ai mis du temps à relier la poésie à la musique. C'est par exemple, L’enfant brûlé, de Stig Dagerman, un de mes textes fondateurs, qui introduit le morceau Juré, craché. J’ai eu la chance de travailler très vite comme comédien, avec Vergheade, de tourner avec Jean Yanne, Bernard Fresson. J’ai mis en scène Pour l’amour de Dieu ou de rien. J’avais 20 ans. Et L’échange, de Claudel, au Théâtre du Soleil.


5. Quels posters trouvait-on dans votre chambre d’adolescent?

Iron Maiden, une image assez effrayante qui d’ailleurs effrayait mon cousin. Et sûrement Michael Jordan.


Les 6 novembre et 12 décembre, Maison de La Poésie (Paris).

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