Une voix de rocaille posée sur un folk sifflotant et des textes écologiques couchés sur du papier brûlant. Voici Baptiste Ventadour, tout juste 21 ans, fier d'un premier EP réalisé par Denis Clavaizolle (complice de Jean-Louis Murat) et précédé du Prix Corrèze Tremplin Jeunes talents du Brive Festival et celui des Voix du Sud (Rencontres d'Astaffort). Avec ses chansons ivres d'heures blues et de rivières de mots, le troubadour à la salopette de Renaud, période Bobino 1980, porté par des salves de colère et d'amour s'inscrit dans une ligne réaliste creusée par Thomas Fersen, Louise Attaque, Les Têtes Raides ou Mano Solo.L'occasion de la soumettre à l'interview Roulette Ruse.Une appli, des numéros tirés en aléatoire, chacun correspondant à une question.
1. Qu’est-ce qui vous inspire?
L’actualité m’inspire. Le problème climatique est au coeur de ma chanson Que reste-t-il? Parfois, la situation semble désespérée, d’autre fois, l’espoir est là. J’aime la nature, j’ai toujours habité à la campagne. Cela m’arrive de me retrouver seul près d’une rivière et de laisser l’inspiration monter. Une autre de mes chansons, La Feuille, vient de mon angoisse du temps qui passe. La feuille de l'arbre symbolise le cycle de la vie.
18. Votre premier quart d’heure de gloire?
Sans doute à Sarlat, il y a deux ans. Je jouais dans la rue deux de mes chansons, et des reprises de Brassens et de Brel. Au début, j’avais peur de déranger, peu de gens s’arrêtaient. Un ami musicien m’a pris sous son aile et recommandé les bons coins, les bons horaires. Quand les spectateurs ont été plus d'une centaine, je me suis dit que je pouvais peut-être plaire et faire ce métier.
12. Le disque qui a marqué votre adolescence?
J’ai reçu une grosse grosse claque en découvrant Nevermind de Nirvana, vers mes 13/14 ans. Le disque m’a carrément retourné. Nevermind rassemblait tout pour moi, l’énergie, l’authenticité, le sentiment. Ce sont les premières chansons que j’ai appris à la guitare en poussant ma voix. A l’époque de mon premier groupe de lycée, Les Scrappers, je n’avais pas encore mué… Ensuite, c'est devenu ma voix naturelle. On me dit souvent qu’elle ne correspond pas à mon physique, je suis plutôt petit de taille, j’ai l’air très jeune…
36. Qu’avez-vous acheté avec votre premier cachet?
Probablement des bières. Le second cachet, c’était plutôt un salaire. Je travaillais dans un magasin de vêtements mais comme je m’absentais chaque week-end pour me produire en concert, je n’ai pas pu rester. Avec ce que j’ai gagné, j’ai acheté un ampli pour me produire dans la rue.
25. Une date artistique importante?
Au moins deux. Le Brive Festival, en 2019, où j’ai rencontré mon manager et tourneur. Les Rencontres d’Astaffort la même année: ces dix jours de stage d’écriture ont été un déclic pour moi.
30. Un chanteur disparu que vous auriez aimé voir en concert?
Jacques Brel, un des meilleurs, il pleure et chante en même temps.
7. Quelle époque de la musique aimez-vous?
Les années 90 pour l’émergence du hip-hop, du grunge et, en France, de Mano Solo. J’aime comme lui insuffler de l’énergie avec ma voix.
28. La chanson qui vous rappelle l’école?
Armstrong, de Claude Nougaro, apprise au CP. Et Des hommes pareils, de Francis Cabrel, étudiée en 6ème, durant les cours d’éducation civique. A la maison, on écoutait Brassens, Dylan, Marley, Aretha Franklin, Thomas Fersen ou Jacques Higelin. Je reprends Tombé du ciel dans mon premier EP, je trouve cela cool de m’associer à un tel artiste et de montrer mon désir d’appartenir à sa famille musicale.
11. La palme du style à…
... John Butler. Lui aussi a démarré comme artiste de rue. Il m’a donné envie de jouer de la 12 cordes, il m’a fait rêver. J’aime son style de musique, son style vestimentaire aussi.
36. L’accessoire qui ne vous quitte jamais?
Ma salopette, c’est mon vêtement fétiche depuis toujours, je la portais déjà au lycée. C’est cool et pratique sur scène. J’en ai de toutes sortes, noires, en jean, courtes… Et quand elles passent à la machine, je porte un jean avec des bretelles.
13.Une passion pour…
Le cinéma. Juste avant de jouer dans la rue, j’ai suivi durant un an des cours de mise à niveau de cinéma à Limoges pour intégrer une école ou un BTS audio-visuel. J’ai appris l’écriture scénaristique, la photo, le montage… Mais j’avais tellement envie de me lancer de la musique que je n’ai pas voulu savoir à la fin de l'année si une école m’acceptait. J’ai suivi des cours de théâtre pendant sept ans près d’Ussel (Corrèze) où j'habitais. Petit, j'étais très timide. Cela m’arrive souvent de me sentir mal à l’aise sur scène, d’avoir peur d’oublier les paroles ou que mon pantalon tombe, d’où la salopette (rires).
Au Café de la Danse (Paris), le 20 mai 2021. Et en tournée.
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